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de la restauration prochaine de l’État tchèque indépendant qui unirait comme jadis les Pays de la Couronne tchèque avec la Slovaquie, et qui serait gouverné par un roi slave.

— Nous avons des preuves contre vous et il ne vous reste qu’à avouer, avait-il dit au malheureux tzigane. Dites-nous dans quelle taverne cela s’est passé, de quel régiment étaient les soldats en question, et la date du « crime ».

Ne voyant pas d’autre issue, le tzigane inventa une date, un bistro et un numéro de régiment et, revenant de l’instruction, il prit la clef des champs.

— Alors, il ne vous plaît pas d’avouer ? dit Bernis à Chvéïk, celui-ci gardant un absolu mutisme ; vous ne voulez pas me dire comment vous êtes arrivé ici et pourquoi on vous y a mis ? C’est bien ça, hein ? Mais je vous conseille de me dire tout avant que moi je ne vous le dise. Je vous signale encore une fois qu’il serait bien préférable d’avouer, dans votre intérêt. Ça facilite l’instruction, et puis, la sentence est toujours moins grave. Pour ça, c’est comme dans les Tribunaux civils.

— Je vous déclare avec obéissance, fit Chvéïk de sa voix d’agneau du bon Dieu, que je me vois ici dans la situation d’un enfant trouvé.

— Comment ça ?

— Je vous déclare avec obéissance que je m’en vais vous l’expliquer en deux mots. Dans notre rue habitait dans le temps un marchand de charbon qui avait un gosse de deux ans, tout à fait innocent. Un jour, ce gosse-là s’est mis en route et a fait le trajet de Vinohrady à Liben. Là, un agent l’a cueilli et l’a conduit au commissariat où on