Page:Hasek-Le brave soldat chveik,1948.djvu/125

Cette page n’a pas encore été corrigée

le monde. Que fait-il ? Il pleure. Ne pleure pas, je t’en prie, ne pleure pas ! Tu voudrais rentrer dans le droit chemin ? Tu n’y réussiras pas si facilement que ça, mon petit. Tu pleures maintenant, et, une fois rentré à la chambrée, tu te retrouveras le même voyou qu’avant. Tu n’y es pas du tout : il te faudra réfléchir rudement sur la grâce infinie de Dieu et sur sa miséricorde et te grouiller plus que tu n’as jamais fait pour que ton âme, chargée de péchés, trouve en ce monde la voie du vrai bien. Nous avons ici sous les yeux un homme qui chiale et prouve par là son désir de se convertir. Eh ! bien, les autres, que font-ils ? Rien du tout. Là-bas, je vois un saligaud qui mâche quelque chose comme s’il descendait d’une famille de ruminants ; dans ce coin-là, je vois des individus répugnants qui trouvent que la maison de Dieu est le meilleur endroit pour chercher leurs poux. Est-ce que vous n’avez pas le temps de vous gratter chez vous ? Il me semble, monsieur le gardien en chef, que vous ne vous occupez de rien du tout. Vous ne comprenez donc pas que vous avez l’honneur d’être des soldats et non de la vermine de civils ? Il serait temps, nom de Dieu, de penser au salut de votre âme, et vous penserez à vos poux quand vous rentrerez à la chambrée. Amen, abrutis, mon sermon est fini et je vous demande de vous tenir convenablement pendant la messe. Je ne veux pas d’histoires comme la dernière fois, où on a vu des types faire des échanges de linge contre du pain, et ils se rinçaient la dalle à l’élévation.

Le feldkurat descendit de la chaire, et, suivi du gardien en chef, se dirigea vers la sacristie. Quelque