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ils ont dû le faire revenir à lui, il a fallu lui pomper de l’eau qu’il avait dans le corps et cet animal-là a claqué dans les mains du médecin pendant que celui-ci lui donnait une injection.

— Vous en faites des comparaisons ! dit sentencieusement Bretschneider ; vous parlez d’abord de l’archiduc et ensuite d’un marchand de cochons.

— Mais je ne compare rien du tout, dit Chvéïk pour se défendre ; Dieu m’en garde. Le patron me connaît bien. Je n’ai jamais comparé personne à personne, il peut le dire. Seulement, je ne voudrais pas me trouver dans la peau de la veuve de l’archiduc. Je vous demande un peu ce qu’elle va faire à présent. Les enfants sont orphelins et le domaine de Kanopiste sans maître. Et se remarier avec un nouvel archiduc, c’est à voir. Qui est-ce qui lui garantit qu’elle ne retournera plus à Saraïévo et qu’elle ne deviendra pas veuve un second coup ? Il y a quelques années vivait à Zliua, pas loin de Hluboka, un garde qui avait un drôle de nom. Il s’appelait Petit-Frère. Eh ! bien les braconniers l’ont tué et sa veuve, un an après, s’est remariée encore avec un autre garde, avec Pepik Sevla de Mydlovary. Celui-là a été tué la même chose. En troisièmes noces, elle a voulu encore un garde en se disant : « Toutes les bonnes choses sont au nombre de trois. Si, à ce coup-là, ça ne réussit pas, je ne sais plus ce que je ferai. » Bien entendu, ils l’ont encore tué, et elle avait déjà en tout six enfants avec ses trois gardes. Elle était allée se présenter au bureau de Monseigneur le prince à Hluboka et y avait raconté tous les malheurs qu’elle avait eus avec les gardes. On lui a conseillé, pour varier son ordinaire, d’épouser Yarèche, un garde-pêche. Il avait