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de vue, n’était qu’une convention commerciale conclue entre lui et le Fils de Dieu.

Le baptême avait eu lieu dans le couvent d’Emmaüs à Prague. Le fameux Père Alban lui-même avait inondé d’eau bénite le futur aumônier militaire. Ç’avait été un spectacle édifiant : comme parrains, le néophyte avait choisi un commandant notoire pour sa dévotion, ancien chef de bataillon du régiment où le jeune Otto Katz avait servi, et une vieille fille, pensionnaire de l’Institut pour les demoiselles nobles tombées dans la gêne et, enfin, un vénérable chanoine à face de bouledogue.

Ayant subi avec succès son examen d’officier de réserve, le nouveau chrétien se fit immédiatement mettre de l’active. Au commencement, le service lui plut et il se mit à approfondir les mystères de l’art militaire.

Par malheur, ayant bu un jour à ne plus savoir ce qu’il faisait, il s’en alla au couvent, délaissant le sabre pour le bénitier. Il avait rendu visite à l’archevêque à Hradcany et put entrer au séminaire. La veille de son ordination le trouva encore ivre-mort ; ce n’est qu’après une large soûlerie dans une maison équivoque en compagnie de ces demoiselles qu’il avait quitté, au petit jour, ce local pour figurer dignement dans la cérémonie sacrée. Sur ce, il se mit en quête de protections auprès de ses anciens supérieurs du régiment et fut nommé aumônier. S’étant acheté un cheval, il commença à circuler tout fringant à travers Prague et participa aux beuveries amicales organisées par les officiers de son régiment.

Dans le corridor du logis du nouvel aumônier les autres locataires entendaient souvent des malédictions