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le volet parmi les détenus, parce qu’il lui avait donné méchamment un croc-en-jambe, et en le menaçant de « le foutre à la boîte et de le faire pendre ficelé comme un saucisson ! »

Dans ces petits incidents, c’était toujours le coupable qui se faisait le plus de bon sang, fier d’avoir contribué à la rigolade générale et d’avoir brillamment joué son rôle devant ses camarades.

Le feldkurat Katz, ce parfait aumônier militaire, était d’origine juive. Ceci, du reste, n’a rien d’étonnant, quand on sait que l’archevêque Kohn, un ami du poète Marchar, ne l’était pas moins.

Le feldkurat Katz avait à sa charge un passé encore plus pittoresque que celui du célèbre archevêque Kohn.

Après avoir achevé ses études à l’Académie de Commerce de Prague, il était entré dans l’armée comme volontaire d’un an. À l’Académie, il avait surtout profité des leçons sur les questions de bourse et de maniement des traites, ce qui lui rendit facile d’acculer la Maison Katz et Cie à la faillite. Katz père partit pour l’Amérique du Nord, ayant ruminé un concordat sans rien dire à ses créanciers, ni à son associé qui, lui, avait préféré l’Argentine.

Après que le jeune Otto Katz eut fait ce beau cadeau aux Amériques du Nord et du Sud, se trouvant sans un sou et sans espérances, sans feu ni lieu, il décida de continuer la carrière d’officier.

Mais avant de réaliser son projet, il avait eu l’heureuse idée de se faire baptiser. Devenu chrétien, il s’adressa à Jésus-Christ pour lui demander de l’aider dans sa carrière, ce qui, de son point