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et de répondre : « Je vous déclare avec obéissance que je n’en ai aucune et que je suis très content ici ! » Répète voir, dégueulasse, comment qu’tu le diras.

— Je vous déclare avec obéissance que je n’en ai aucune et que je suis très content ici ! répéta Chvéïk si doucement que le gardien en chef fut pris et crut avoir affaire à un garçon plein de franchise et de bonne volonté.

— Grouille-toi pour ôter tes frusques, dit-il presque gentiment, sans même ajouter « fripouille », « dégueulasse » ou « fumier ». Tu ne garderas que ta chemise et ton caleçon et tu vas aller au 16.

Au 16, Chvéïk trouva une vingtaine d’hommes déshabillés de la même façon que lui. C’étaient tous des gens dont le dossier portait la fameuse note Streng behuten, beobachten[1], et qu’on gardait donc à vue avec une sollicitude particulière, pour les empêcher de prendre la fuite.

Le sergent-major Repa remit Chvéïk aux soins du « chef de chambrée », un gaillard poilu à la chemise bâillante. Celui-ci inscrivit le nom de Chvéïk sur un bout de papier épingle au mur et lui dit :

— Demain, il y aura du bon chez nous. On nous conduira au sermon à la chapelle. Nous autres, tous en caleçon comme nous voilà, on nous fait mettre tout à fait près de la chaire. Tu n’auras jamais tant rigolé dans ta vie.

Comme toutes les chapelles des maisons d’arrêt, celle de la prison de la place faisait le délice des prisonniers. On aurait tort de s’imaginer que l’obligation d’aller à la messe répondît à leur

  1. À garder sévèrement, en observation.