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Empire. Il mérite qu’on lui compte comme années de service celles qu’il avait passées à la prison de la place de Prague. À MM. Slavicek et Klima de la police d’État on les a bien comptées pour la pension, leurs années de service ! Repa a quitté le service militaire pour s’adonner à son métier de maître-maçon. Il est possible qu’il fasse aujourd’hui partie de plusieurs sociétés patriotiques.

Le gardien en chef, le premier sergent-major Slavik, s’est adonné au vol et purge à présent sa peine dans les cachots de la République. Ce pauvre diable n’a pas eu la même chance que ces autres messieurs qui représentaient la toute-puissance militaire de l’Autriche.

Il n’est pas étonnant que le gardien en chef Slavik ait jeté sur Chvéïk, en le recevant en son pouvoir, un regard de muet reproche :

— Elle doit en avoir des taches, ta réputation » hein ? dit-il. Sans ça, tu ne serais pas ici. Mais t’affole pas, va ! Comme séjour ici, tu auras quelque chose de soigné, mon petit, comme, d’ailleurs, tout le monde qui nous est tombé sous la main. Et ce n’est pas une main de petite femme, tu penses !

Et pour renforcer son regard menaçant, il mit son poing gras et musclé sous le nez de Chvéïk et dit :

— Renifle-moi ça, vaurien !

Chvéïk obtempéra à son ordre et émit :

— Je ne voudrais pas qu’il m’arrive dans le nez, ça sent le cimetière.

Les paroles calmes et sensées de Chvéïk eurent le don de plaire au gardien en chef.

— Hé ! là, dit-il en cognant sur le ventre de Chvéïk,