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veuillez bénir tous ces beaux cadeaux dont nous allons profiter grâce à votre bonté généreuse et infinie. Amen ! »

Ceci dit, Chvéïk s’empara d’un poulet qu’il se mit à dévorer sous le regard effaré du docteur Grunstein.

— Quel appétit ! murmura la baronne en extase à l’oreille du docteur : il est certainement déjà guéri et pourra bientôt repartir pour le front. Je suis vraiment contente que ces bagatelles lui ont fait plaisir.

Puis, elle alla d’un lit à l’autre, en distribuant des cigarettes et des pralines, et revint vers Chvéïk. Elle lui passa la main sur les cheveux et sur les paroles Behuet’euch Gott quitta la chambrée, sa suite derrière elle.

Avant que le docteur Grunstein, à qui incombait l’honneur de reconduire la baronne, eût eu le temps de remonter, Chvéïk avait distribué les poulets qui furent engloutis par les malades avec une vitesse vertigineuse. Le médecin ne retrouva plus que des os nettoyés aussi proprement que si les poulets étaient tombés dans une fourmilière et que leurs carcasses fussent restées ensuite exposées au soleil pendant des mois.

Les flacons de liqueur et les trois bouteilles de vin étaient vides. De même, le chocolat et les fruits secs avaient disparu dans la profondeur des estomacs en révolte. Un des malheureux avait même bu la fiole de vernis pour les ongles, qui faisait partie du service de manucure, et avait mordu dans le tube de dentifrice.

À son retour, le docteur Grunstein, qui avait retrouvé son aplomb, prononça un long et menaçant discours. Lorsque la porte de l’infirmerie s’