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tendant de congédier, sous peine de grève, les forgerons non syndiqués. Immédiatement, ce bloc d’insoumis fut mis à la porte. Ceux-ci ne se tinrent pas pour battus. Ils s’assemblèrent un soir à la sortie des usines et attendirent les anti-unionistes. Une bataille s’engagea à coups de poings et de bâtons. Le sang coula. Soudain, une légère forme blanche se précipite dans la mêlée. Les bras menaçants se rabattent, les jurons cessent. Amazone charmante et pacifique, Claire vient de leur apparaître. La plupart des nouveaux syndiqués la connaissent et l’aiment : elle a secouru leur femme, instruit ou habillé quelqu’un de leurs enfants ; bien des fois, elle s’est arrêtée devant leur maison, a caressé une tête blonde, prononcé un mot qui console et réconcilie avec la vie. Dès qu’elle est au milieu de la tourbe, la brutalité des physionomies se radoucit. Elle les regarde, fait un geste d’apaisement, et l’ordre se rétablit. Après une minute d’hésitation, l’un des mutinés s’approche d’elle et lui dit : « Mademoiselle, me pardonnerez-vous ?

— Jamais ! Grand enfant que vous êtes ! » Et, ce disant, elle se jette à son cou et l’embrasse. Toute la troupe applaudit et se disperse en criant : « Vive Claire ! Vive Marcel Faure ! »

« Le soir même, les trois loups du syndicat