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sa nature, et la plume de l’éducateur n’y rencontre rien qui poisse. Celui-ci peut en faire des hommes par l’éducation morale, des citoyens par l’éducation sociale, des patriotes par l’éducation nationale.

« Le premier sentiment à développer, chez l’enfant, c’est la passion du beau, c’est-à-dire, le culte des vertus fondamentales : la franchise, la dignité, la fierté, la pureté, le respect de soi-même et des autres, l’amour du travail. Elles sont tellement nécessaires, qu’elles font partie de l’instinct de conservation ; elles sont nées avec chacun de nous, et l’enfant qui, sans raisonner, spontanément, ne les comprendrait pas, tiendrait du monstre. Au gamin de neuf ans, nous disons : « Fais ceci parce que c’est honorable, parce que c’est beau ! Évite cela parce que ça t’abaisse, parce que tu vaux mieux que ça. Si tu n’agis que par crainte du bâton, tu n’es qu’un lâche et tu ne feras jamais rien de bon. » Il prend ainsi ses premières leçons de dignité personnelle et d’honneur intime, ces beaux sentiments qui font marcher droit, le front au soleil. Pourquoi chargerions-nous les jeunes consciences d’une mystique vaporeuse et d’une doctrine exprimée en sanscrit ? La sublime simplicité des grandes conceptions humaines lui suffit.