Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/63

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de violette. Elle vola près de son bien-aimé et le câlina avec des mots d’enfant. Elle lui enlaça le cou de ses bras nus, et, se pendant à ses lèvres, lui dit, moitié rieuse, moitié grondeuse : « Dis, grand méchant, tu ne feras plus de peine à ta petite Claire ? Une autre fois, je te punirai. »

— Que feras-tu pour me punir, mon lutin ?

— C’est facile. D’abord, je ne t’embrasserai plus comme ça, tiens ! — elle lui appliqua deux bruyants baisers sur les joues. — Je ne monterai plus sur tes genoux, je te ferai des grimaces, je serai mal élevée, pédante, insupportable…

— C’est tout ?

— Pas encore ! Je me ferai laide. Je défendrai à ma bonne de m’apporter des robes claires. Tu abhorres le noir : j’en mettrai tous les jours pour te faire enrager. Je me laisserai pendre les cheveux tout bêtement, comme la queue de Fido. Je vois ta déconfiture, quand tes grands doigts imbéciles n’auront plus la caresse de mes boucles blondes. Et mes bras, et mon cou que tu mords pour me faire crier, je les cacherai avec du velours épais ; si tu y mords après cela, j’y mettrai du piment. »

Marcel souriait. Il demanda : « As-tu fini ? »

— Comment ? Ce n’est pas assez ?

— C’est même trop !