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dans les sentiers lumineux de son cœur. Sa pensée tremblait comme une aiguille de boussole et l’orientait. Une heure, deux heures sonnèrent ; l’aiguille enchantée palpitait, palpitait toujours. Puis, tout l’horizon vibra dans un fluide rose. L’aurore s’élargissait, et le poudroiement des rayons, courant jusqu’à lui, le saturait d’une immense satisfaction.

Alors il entendit, fusant dans l’azur reconquis, le vieux refrain des amours jeunes :


Mais sur mon rêve, plus radieux,
Un soleil règne que j’aime mieux ;
Sa flamme est sur ta lèvre,
Et sa clarté brille en tes yeux.


La consolation de Claire s’exhalait en notes chaudes. À travers la cloison qui la séparait de son frère d’adoption, la pensée de Marcel venait de l’inonder de son influence télépathique et de faire éclore la chanson du soleil. Il appela : « Claire ! »

— Me voici ! Que me veux-tu ?

— J’ai à te causer.

— J’y vais à l’instant !

Des pas légers dansèrent dans le passage, la porte s’ouvrit en coup de vent, un tourbillon de parfum se précipita. Claire était ravissante, dans sa toilette du matin. Son corps, lavé, oint de délicates essences, répandait une odeurmep