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UNE RENCONTRE


Ce soir d’octobre, après une rude journée de travail, Marcel avait donné rendez-vous à deux de ses amis, anciens camarades de collège, Jean Boulanger et Félix Brunelle. Il ressentait le besoin de venir en contact avec la gaîté spirituelle et polissonne de ces deux fils de cultivateurs, qui, à l’originalité rugueuse du tempérament campagnard, joignaient la culture des humanités et de l’esprit gaulois. Très instruits, ils étudiaient avec l’acharnement d’anciens Bénédictins, dans leurs chambres où s’élevaient des Babels d’imprimés. Ils passaient la moitié de leur temps à bouquiner. Ils étaient foncièrement sérieux, avec un grain de folie à leurs heures. Quand ils étaient en train, ils développaient les thèses les plus impossibles, au grand ébahissement de qui les écoutait.

Marcel avait été attiré vers ces originaux dont la boîte crânienne était bondée de mirages