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sois devenu réfractaire aux exercices de piété ; vous savez que j’ai une foi robuste ; les jours où l’on prie me permettent de brider ma pensée et de la forcer à me voir de face. Alors, je la regarde et je lui trouve des yeux pleins d’étoiles. À la lueur de ces étoiles, j’éclaire et j’explore le tréfonds de votre fils. Ce que j’en fais des découvertes !… C’est délicieusement grave et mystique, cette descente dans la soute de l’être. Mais le prédicateur !… Incontestablement, c’est un saint homme : il a des yeux bistrés, des yeux qui ont lu, veillé, médité, souffert, regardé au-dedans des détresses humaines. En voyant son crâne chauve, je pense à toutes ses fièvres, aux combats que se sont livrés, en lui, la chair et l’esprit, aux tentations brûlantes, aux âpres défenses de l’intellectuel aux prises avec la matière. On ne peut s’empêcher d’admirer, d’aimer cette persévérance dans un idéal où il n’entre aucun espoir de consolation humaine. Le visage de l’ascète a ce je ne sais quoi d’enfantin en même temps que d’attachant particulier aux hommes qui ont observé, par un renoncement surhumain, la vertu de chasteté.

« Pourtant, en dépit de ses qualités monastiques et philosophiques, cet homme est