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L’AMOUR VEILLE

qui composent cette assemblée de voter une mesure dont le mobile est frappé à l’effigie de Sa Majesté le Roi. (Mouvement à droite. — Le visage de Didier s’assombrit.).

— « Pour une fois, le pays n’en voudra pas à l’Opposition d’avoir empêché une bande de comédiens de commettre une mauvaise action ». (Des voix : « À l’ordre ! »)

Le président — Je prie l’orateur de ne pas se servir de termes injurieux.

Félix — Contre quel mot vous insurgez-vous ? « Comédien ?» Je le retire et je lui substitue ceci : Nous empêcherons une troupe d’artistes de commettre une mauvaise action. Sachez-le bien, ce n’est pas l’amour de la fraternité universelle, qui pousse nos adversaires à démolir l’une des plus admirables institutions canadiennes : c’est la soif du métal !

« Je suis heureux, ce soir, de faire du mal, beaucoup de mal, à la droite de cette illustre assemblée, et ce bonheur se double, chez moi, de la conviction qu’en la souffletant, je porterai aux ouvriers de mon pays un message de délivrance et de vraie liberté.

« Jamais je n’ai flatté les passions du peuple ; jamais je n’ai incité personne à la haine et à la révolte contre une société qui n’est pas parfaite, peut-être, mais qu’il serait désastreux autant