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L’AMOUR VEILLE

« Vous connaissez ceci ? » Elle fit « oui » d’un signe de tête. « Il vous a été volé, ce matin. Comme il vous vaut cent mille dollars, je vous le rapporte ; mais, avant de vous le remettre, je vous fais une proposition : consentez-vous à me le vendre ? Je vous en donnerai cent mille dollars.

— Marcel ! Je t’en supplie, ne prolonge pas mon supplice.

— Laissez-moi parler. Je vous en donnerai cent mille dollars, pourvu que vous disparaissiez de Valmont d’ici ce soir et que vous n’y reparaissiez plus jamais.

— Mon ami ! Pardonnez-moi ! Je le sais, je suis une misérable, j’ai horreur de moi ; mais si tu savais combien j’ai souffert depuis un mois, depuis que je t’adore ! Si tu savais avec quelle cruauté et quel raffinement chacune des syllabes de ce pacte maudit résonnait dans ma conscience ! Tous les jours, je voulais t’avouer,… je voulais te le donner, ce papier qui peuplait ma maison de terreurs. Je ne pouvais pas, je n’en avais pas le courage ! J’avais peur de te perdre, de te quitter !… Marcel ! Permets-moi de t’aimer !… » Elle s’était agenouillée, puis s’était traînée jusqu’à lui. Il la repoussa brutalement.