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nait plaisir à la faire chanter, écoutait ses récits de voyage, l’histoire de cette vie brillante et misérable à la fois, où la gloire est un fardeau et le plaisir une souillure.

Un soir, après avoir dîné ensemble au chalet de l’actrice, les deux femmes étaient revenues jusqu’à la demeure de Marcel. Claire y fit entrer sa compagne. Le froid avait vermillonné leurs joues, qui avaient le privilège d’être transparentes. Quand elles reçurent la lumière en plein visage, elles avaient une beauté jaillissante et rose. En les apercevant, Marcel eut une exclamation de plaisir : « Notre hiver est un artiste, dit-il. Il met aux joues le meilleur des cosmétiques : le sang. »

Ils causaient depuis dix minutes dans le boudoir rouge, lorsque le timbre du téléphone retentit dans la pièce voisine. La bonne vint annoncer qu’on demandait Claire. À peine avait-elle fini de répondre, qu’elle entendit distinctement le bruit d’un baiser. Cela lui fît l’effet d’un soufflet. Elle resta là, figée, comme une personne ivre, en sachant que sa présence devait faire. Elle songea que sa présence importunait Marcel et Germaine. En rentrant dans le boudoir, elle leur dit, très pâle : « Une de mes petites amies veut à tout prix que je me rende à son chevet de malade. Vous me