Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/170

Cette page a été validée par deux contributeurs.

voix et des intonations, quand cet ensemble de griserie et d’originalité est réuni dans le plus parfait des êtres, il ne faut plus parler de faiblesse, mais bien, du pouvoir de séduction et de conquête le moins équivoque de l’humanité. Sexe faible ! Comme si la force n’existait que dans la masse et non dans la plus grande somme de perfections condensées dans la plus infime portion de matière. L’histoire de la Bible ne nous offre qu’un tissu des victoires de la grâce contre la rudesse. Salomon sacrifie sa sagesse et sa vertu au corps voluptueux des filles de la gentilité ; David, le saint, le sauveur d’Israël, devient homicide pour avoir rencontré le regard de sa voisine ; Hérode se fait l’assassin de Jean-Baptiste, qu’il aimait, après qu’une vierge dépravée l’a magnétisé par une danse impure.

Qui de nous ne porte dans ses veines les tares d’une déchéance atavique ? Qui de nous peut se prévaloir de n’être pas le fruit d’une passion mauvaise ? Partout où il existe un élément mâle et une sensibilité féminine, il y a imminence d’une chute plus ou moins prochaine, selon la proximité ou l’éloignement d’une emprise décisive. Il vient toujours un moment où les âmes vraiment élevées chavirent dans le vertige de la chair. C’est dans l’Évangile qu’on lit cette sentence divine : « L’esprit est prompt…