talité, était probablement le seul être capable d’asservir les sens d’un homme de sa trempe.
Il la regardait sourire, et ce sourire était bien celui d’une petite créature délivrée d’un mauvais rêve et revenant naturellement au charme de se sentir simple et seule ; il examinait son regard, et ce regard était celui d’une fillette intégralement pudique ; il écoutait sa voix, et, sur ses lèvres empourprées, il ne coulait que des mots purs et limpides ; il contemplait toute sa chair, et il s’en exhalait un parfum sans provocation, pareil à l’haleine d’une vierge.
— Que c’est bon le repos ! disait-elle. Quand j’étais petite, mon vieil oncle, énervé par mon caquet, ne cessait de me dire : « Il faut penser avant de parler. » J’ai mal suivi ce conseil : toute ma vie durant, j’ai parlé et chanté avant de penser. J’ai mimé de beaux rêves que d’autres avaient rêvés avant moi et sans moi. Maintenant, je suis lasse du métier d’interprète. Je vais m’enfermer dans mon intelligence à moi, dans mon cerveau à moi, pour y voir naître des images et des chimères qui seront l’essence de mon être et l’esprit de mon esprit, et que je chérirai avec la douce folie d’une mère qui a l’orgueil d’avoir enfanté. Dans ce sympathique ? garderai longuement la flamme des bûches vol-