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trissent la matière et lui insufflent l’action et la vie. Des villes naissent sous leur souffle divinisé ; les fleurs s’ouvrent plus larges et plus parfumées, les blés mûrissent plus lourds et plus blonds. Du milieu de ces êtres s’élève une voix très haute, et le pays en est secoué d’un frisson de cyclope : « Le soleil se lève ! »

Un soleil nouveau se lève. Puissance de la loi des compensations ! Le règne séculaire de l’erreur, qui se glorifie de l’humiliation de la matière périt sous l’irrésistible revanche de l’être physique reprenant enfin sa place : l’homme est à la fois chair et esprit. Malheur à qui méprise l’un au profit de l’autre ! Compagnons inséparables, ne les plongeons pas en d’irréparables divorces, et laissons-nous réchauffer par le rajeunissement de l’humanité ! »

Une main blanche se pose sur le bras de Marcel : « Eh bien ! que faites-vous ? Venez valser ! » Il se laisse entraîner dans le remous harmonieux, plongeant sa pensée au fond de deux grands yeux bruns qui s’ouvrent sur les siens.