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— Calmez-vous ! Calmez-vous ! leur criait Marcel. Le Petimontais voulut sauter à la gorge du Valmontais ; mais il le retint de toutes ses forces. Les convives étaient surexcités ; des femmes voulaient se pâmer. Marcel regarda tout ce monde épouvanté et il se mit à rire de tout son cœur. Ce fut la détente : le rire éclata partout comme si on avait ouvert des soupapes d’échappement.

Le dîner avait pris fin. Les convives se rassemblaient maintenant par grappes bavardes, dans les grands salons où commencerait bientôt la valse et où allaient se nouer ces relations d’un soir, amours brèves comme des désirs d’enfants, mais intenses comme des feux de Bengale.

Les couples glissèrent devant Marcel, tous jeunes, tous beaux. Les gars souples et droits regardaient bien en face les belles qui baissaient la vue sous une lumière de volupté. Ils allaient, ils allaient sans se lasser, comme un rêve qui ne finit pas, et l’orchestre dolent avait une musique de plaisir et de rêverie qui pénétrait jusqu’aux moelles cette jeunesse emportée dans une cadence molle et grisante. Faure les connaissait tous par leurs noms ; il leur avait appris à chérir de larges espoirs, et une force surhumaine était entrée en eux, le jour où il