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LES CHIENS-LOUPS



Malgré sa jeunesse et son optimisme naturel, Marcel était fatigué de la bataille. Par fierté, il n’osait avouer la dépression nerveuse et morale qu’il ressentait chaque fois qu’il se reposait une heure. Il était l’un des victorieux de l’existence ; mais au milieu des luttes qu’il avait livrées, seul contre tous, il avait été blessé tant et tant de fois que les dégoûts de son cœur lui faisaient payer cher les victoires remportées. La volupté qu’il éprouvait à contempler les balafres de son âme avait ce je ne sais quoi de morbide qui amollissait sa volonté. Triste revanche du succès, qui ne peut donner de caresses à l’être de prédilection sans le meurtrir de ses lèvres guerrières.

Parmi les humbles, ses enfants, il avait trouvé l’adoration de son génie, suprême compensation des jalousies et des haines qui lui venaient d’en haut. Cette consolation d’être ai-