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tus humaines trouvent un asile, quand elles ont été chassées d’ailleurs.

— Dans la prospérité de ton industrie, les ouvriers ne se montrent-ils pas quelquefois exigeants ?

— Je leur ai rendu toute exigence impossible. Deux causes avaient armé l’un contre l’autre le capital et le travail : l’absentéisme et le syndicalisme. J’ai transformé le patronat en une paternité large et sympathique, et j’ai enlevé à l’ouvrier tout prétexte de se coaliser, contre le capital qui le fait vivre.

« Autrefois, comme aujourd’hui, les nouveaux riches, les fils de famille, les parvenus qui n’ont jamais travaillé et qui ne travailleront jamais, ne connaissaient guère que l’art de foxtrotter dans les réunions mondaines et les dancings. Le menu peuple, méprisé par eux et chauffé à blanc par des maniaques ou des illuminés, ne savait que haïr. Le matin, quand le travailleur arrivait à l’atelier et recevait les brefs et sévères commandements de ses contremaîtres, il se représentait le patron vautré dans un lit de duvet, à côté d’une femme parfumée, tandis que lui, courbé, haletant, les nerfs tendus, la face salie et les mains houilleuses, encore lourd de sommeil interrompu, frissonnait au froid contact de l’acier ou de la