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instants, puis, reprenant son sang-froid : « Si vous avez encore besoin de nous, dit-il, je suis votre meilleur ami. « Shake hands ! » Il me tendit la main.

— Inutile de jouer plus longtemps la comédie, lui dis-je. Tout à l’heure, cette main que vous m’offrez se préparait à me prendre à la gorge.

— Monsieur Faure ! Comment pouvez-vous ?…

— Il y avait, une fois, une ville qui s’appelait Troie, et dans Troie, il y avait des Troyens. Autour de la ville, il y avait des assiégeants, et ces assiégeants étaient des Grecs. Un jour, ceux-ci font mine de se retirer en laissant derrière eux, près des murs victorieux, un immense cheval de bois. Les crédules Troyens prirent cette bête monstrueuse pour une divinité et se crurent obligés de l’introduire dans leur enceinte. Alors, le grand-prêtre Laocoon dit à ses compatriotes : « Je crains les Grecs, même quand ils font des présents. » Il avait raison : le ventre du cheval était rempli de soldats ennemis… Monsieur Benson, vous voyez bien que je ne pourrai plus accepter vos offres. »

« Il ne répondit pas. L’adieu se figea en glaçon entre nous deux.