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pièces de mille variétés, de mille dimensions naissent de ces baisers rugueux.

Les deux amis passent dans les laminoirs. Ils s’arrêtent au centre. Une grande fournaise reçoit l’acier que l’on y chauffe à blanc. Bientôt, une porte s’ouvre, un lingot tombe sur une suite de rouleaux qui le bousculent jusqu’au premier cylindre. Par une série de passes, le métal s’allonge, s’allonge toujours, selon le besoin, devient un immense serpent rouge ondulant sur des tables d’acier. Ce travail est rapide et se fait dans un silence mécanique qui donne l’effroi.

On va ainsi d’atelier en atelier, de division en division. Partout, le dernier cri de la science. Ici, c’est la force motrice fournissant le fluide vivant qui va parcourir les veines ignées de l’usine, animer machines et moteurs d’une activité titanesque ; là, ce sont les forges sillonnées d’étincelles traversant l’air comme une pluie de bolides, résonnantes de la sonnerie des gigantesques enclumes et de la danse des marteaux-pilons ; là encore, c’est l’atelier mécanique général, où l’on polit et où l’on usine les pièces de montage, domaine de la précision et de l’intellectualité ouvrière, où se constituent un à un, les membres à la fois durs et souples