ge. Une fois que la prospérité m’est venue, je l’ai associé à ma fortune. Il en a fait mauvais usage, mais on ne dira pas que Luc Meunier a plaqué un ami.
— Et vous avez poussé votre générosité très loin. Trois ou quatre fois à ma connaissance, il s’est ruiné en folies, et toujours c’est vous qui l’avez repêché avec votre argent.
— J’avoue qu’il m’a coûté cher, le bougre.
— Je ne vous blâme pas d’avoir été bon, même pour un homme de rien, mais je voulais en venir à ceci. Vous qui donnez si largement à un individu incapable de profiter honnêtement d’un bienfait, vous refuseriez de porter secours à un jeune homme plein de talent et de bonne volonté ?
— Tu y tiens tant que ça, à ton artiste ? Petite Mathée, il sera dit que tu as toujours raison. J’y réfléchirai. Au revoir !
Meunier fit quelques pas, puis, se retournant brusquement, ajouta :
— Tu ne viens pas avec moi ? À chacune de mes visites, Bouvier me reproche de ne pas t’amener.
— Je ne mettrai jamais les pieds chez lui.
— Tu le hais donc bien ?
— Je ne le hais pas, il n’en vaut pas la peine, mais je ne puis souffrir ses aveux.
— Comment ça ?
— Ce monsieur s’est permis de me dire qu’il m’aime depuis des années, qu’il n’a gardé le célibat jusqu’à pré-