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les demi-civilisés

— Il s’est passé quelque chose. Ce qui m’inquiète, c’est que tu aies des secrets pour ta mère.

— J’ai promis de ne rien dire.

— Tu as promis ? Fort bien, tiens ta promesse. Mais, mon petit Max, je te prie de choisir tes amis, à l’avenir. Il faut toujours se défier de ces étrangers qu’on ne connaît pas. Je ne veux pas que tu fréquentes les malhonnêtes gens. Je t’aime tant !

Mlle Marthe était bien gentille.

— Je sais, mais elle n’était pas honnête.

— Qu’a-t-elle fait ?

— Elle a volé le mari de sa meilleure amie.

— Volé ? Est-ce qu’on peut voler un homme ?

— Je t’expliquerai plus tard. Pour le moment, je te prie de réfléchir que des choses pareilles n’arrivent pas dans nos familles. Tu partiras bientôt pour le collège. On t’y montrera le sentier de l’ordre, du devoir, des bonnes actions. Sache, pour l’heure, qu’il n’est permis à personne de troubler le bonheur du voisin en y introduisant une affection capable de désunir sa famille. Quand on est marié, on n’a pas le droit de donner son cœur ou de se laisser aimer en dehors du foyer. Comprends-tu ?

Cette leçon dépassait mon entendement, mais je faisais semblant de saisir et approuvais d’un signe de tête.

— Ton père, continua-t-elle, aurait-il quitté la maison des jours entiers pour aller, à trente lieues, se pro-