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les demi-civilisés

Les étrangers avaient disparu depuis quelques minutes, quand j’entendis un cri de femme, puis un autre, et une série de glapissements et de gémissements, au-dessus de ma tête.

Je pensai tout de suite qu’on se battait là-haut. Mon cœur se glaça. J’appréhendais un danger pour ma belle amie. Ses hurlements de douleur me fendaient l’âme.

Puis, à mon grand effroi, j’entendis le roulement d’un corps parmi les cailloux du sentier.

Une femme vint s’abattre à quelques pas de moi.

C’était Marthe.

— Vous ! m’écriai-je ? Vous, Mademoiselle Marthe !

Je m’élançai vers elle. Sa bouche saignait. Ses joues étaient déchirées.

Elle ne répondit rien. Étendue sur le sable, sans mouvement, elle sanglotait en lançant de faibles cris. On eût dit une petite fille.

— Qui sont ces gens ? Que vous a-t-on fait ?

Elle continuait de sangloter.

Puis je vis descendre les deux inconnus. La femme, en passant murmura entre ses dents :

— Chienne !

Elle s’éloigna avec son compagnon sans rien ajouter, sans même détourner la tête.

Monsieur Giles à son tour descendit.

— Marthe, es-tu blessée ? demanda-t-il.

— Va-t’en ! va-t’en ! tu me fais horreur ! dit sourdement mon amie.