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les demi-civilisés

mon âme que vous emportez ? Je veux bien, mais emmenez Max avec nous. Viens, mon cher amour ! Nous nous épouserons quelque part dans les étoiles…

La gorge serrée d’émotion, j’étreins follement Dorothée, pour la retenir à la vie.

Elle murmure encore :

— Ne suis-je pas belle dans ma robe de mariée ?… Je savais bien que nous nous épouserions un jour… Enlace-moi bien, pour que je te sente plus près… Nous voilà mariés… Tout à l’heure, je le sais, tu m’enlèveras ma robe. Jamais un homme ne me l’enleva, ma robe. Toi, vois-tu, c’est différent… Je suis sûre que tu me trouveras belle.

Dorothée se tait. Elle semble dormir. Des pas retentissent à ma porte. Lucien et Hermann, suivis du médecin, entrent.

— Elle a parlé comme dans le délire, leur dis-je.

Je verse quelque gouttes de cordial entre les lèvres de la bien-aimée.

Une heure durant, nous restons tous trois penchés sur elle, dans une mortelle anxiété.

Puis Dorothée semble sortir d’un rêve. Elle ouvre les yeux et nos regards se croisent.

— Max ! C’est Max ! Que je suis heureuse !… Comment se fait-il que je sois ici ?