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les demi-civilisés

tion. Je l’en bénis ! Mais comme il faut peu de chose pour orienter la vie d’un homme !

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En cette existence simple et pacifique, le moindre scandale faisait du bruit comme une bombe dans le silence de la nuit. Je me souviens d’une femme très blonde et très belle du nom de Marthe, qui, se trouvant en villégiature dans un petit hôtel de la plage, créa un émoi dont les gens du pays parlent encore. Les jours où la marée adonnait, je la rencontrais sur la grève, généralement seule. Elle s’avançait d’abord à quelques pieds de l’eau, les épaules couvertes d’une robe de chambre à ramages dont j’aimais les couleurs vives. Là, elle laissait tomber sa robe et m’apparaissait grande, svelte, bien cambrée dans un maillot qui moulait les impressionnantes lignes de son corps. Moi, qui n’avais jamais vu que des paysannes vêtues de lourdes étoffes, ce spectacle me fascinait, et j’en restais la bouche grande ouverte. Après son bain, quand il faisait soleil, Marthe s’étendait sur le sable chaud, pour se faire sécher, et elle m’appelait à elle. Tout d’abord, je ne pouvais