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les demi-civilisés

soleil, qui garda jusqu’à la mort sa jeunesse de cœur, et dont le visage ne refléta jamais l’ombre d’une passion mauvaise.

— Je veux, dis-je à mon ami, revoir la vieille maison de mes ancêtres. J’ai besoin de m’y retremper. Viens-tu avec moi ?

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L’air des montagnes ! Qu’il fait bon de le respirer ! La voici, la petite maison de grand-père ! Elle se dresse encore joliment sur le sommet qui surplombe le fleuve salé. Elle était faite pour être là, cette maison. On la voyait de partout. Elle luisait au soleil, dans sa blancheur de chaux, et elle ouvrait jadis toutes grandes, à la lumière du ciel, ses fenêtres à carreaux. Elle n’avait rien à cacher, car tout en elle était pur.

Elle a bien changé. Je l’avais vue pleine de garçons et de filles ; ils sont tous partis. L’étranger qui a acheté la terre n’a pas cru devoir habiter cette demeure où purent naître, vivre et mourir quatre générations d’honnêtes gens. J’aime autant le voir vide, ce foyer sacré, que d’y rencontrer du sang nouveau.