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les demi-civilisés

et nos aventuriers, pour nos pionniers qui, le fusil à la main, frôlant toujours la mort, défrichaient les terres qui ont nourri nos pères ; pour les coureurs des bois, grands bohèmes de la nature, allant vers l’infini comme des poètes de génie ; pour ces imaginatifs puissants, que le rêve conduisait à la fondation d’un empire. Qu’avons-nous fait de cette richesse de l’atavisme ? Ne dirait-on pas des poussins couvés par des aigles ?

Le timbre téléphonique retentit dans la pièce voisine. Quelqu’un m’appelait. J’accourus à l’appareil :

— Ne me nommez pas devant les autres, dit une voix, c’est Dorothée qui vous parle. Il faut que je vous voie ce soir même, et que personne ne le sache. Il est onze heures. Où pouvez-vous me rencontrer, disons, dans vingt minutes ;

— Chez moi.

— Vous n’y pensez pas ?

— C’est le seul endroit où personne ne vous rencontrera, surtout à cette heure tardive.

— Fort bien ! J’y serai.

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