le sacre de l’indépendance et forçait l’univers à l’admiration, à l’heure même où La Fayette lui prêtait l’épée de la France, il n’était pas décent que des Français fussent les ennemis des hommes qui pouvaient, en une seule nuit, faire d’eux les prochains maîtres du monde.
— La résistance partit de haut. C’est toute l’élite qui entraîna le peuple, et cette élite savait ce qu’elle faisait. Si le Congrès était resté maître du Canada, nous étions assimilés promptement. Les trois millions d’habitants de la Nouvelle-Angleterre auraient vite fait de noyer les cent mille Français que nous étions. Unis politiquement à nous, entreprenants, remuants, audacieux, les Américains seraient entrés dans notre maison comme chez eux, se seraient emparé de la grande chambre et auraient couché dans nos lits. Sous prétexte de nous émanciper, ils auraient déchiré l’Acte de Québec et auraient implanté chez nous des institutions en plein désaccord avec nos traditions et nos mœurs. Je salue donc la résistance non seulement comme un geste de loyauté, mais comme la manifestation du patriotisme le plus éclairé.
— Ce que serait devenu notre peuple, en cas d’une alliance des Canadiens avec les Américains, dans une lutte commune pour la liberté, nous n’en savons rien, nous n’en saurons jamais rien. C’est le secret des circonstances, et comme celles-ci ne se sont pas produites, on ne peut que se perdre en conjectures. Mais il est des