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les demi-civilisés

— Je ne comprends pas comment il se fait que toi la fille d’un homme riche comme ton père, tu sortes avec ce jeune va-nu-pieds.

Il me montrait du doigt.

— Tout à l’heure, si tu as de l’esprit, tu danseras avec moi. Ne suis-je pas le meilleur ami de Luc, ton honnête papa ? Après, je te ramènerai à la maison. J’ai des choses intéressantes à te dire… Quant à ce petit, laisse-le avec la Gauty. C’est la « flapper » qui lui convient.

Dorothée se tourna vers moi avec un air de dégoût et de supplication. La colère me montait au visage.

— Vous allez, dis-je au fâcheux, me faire le plaisir de retourner à votre place, et tout de suite. Quand vous serez dégrisé, je vous dirai ce que je pense de vous.

— Tu oses dire que je suis saoul, moi, Bouvier ? Tu vas voir comment je la porte, ma boisson.

Il levait la main sur moi et je me mettais en garde, quand Jack, qui n’avait pas desserré les dents de toute la scène, administra à Thomas un uppercut qui l’envoya rouler sur le parquet, à dix pas plus loin.

Au milieu d’un chahut indescriptible, l’ivrogne se releva, la face congestionnée. Le maître d’hôtel fit signe à deux garçons de table :

— Emmenez-le, dit-il.

Avant de disparaître, Thomas s’écria :