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les demi-civilisés

sises à mes côtés. Après quelques minutes de silence, il murmura simplement :

Lucky Frenchman ! Lucky Frenchman !

You know, Jack is a ladies’ man, but I am not jealous.

La conversation glissait sur l’interminable pente de la jalousie, quand une femme de la meilleure société québécoise traversa le parquet en titubant comme un pochard et criant :

— Où est Thomas ? Où est-il, ce coquin de Thomas ? Faut-il être bête pour me planter là, toute seule, comme une sainte Anne dans sa niche.

À ce moment, un homme âgé d’un peu moins de quarante ans, d’une certaine élégance, s’avança du fond du dancing, se dirigea vers la femme qui l’appelait, la saisit au poignet et la força brutalement à s’asseoir.

— Je déteste cet homme, fit Dorothée.

— Qui est-il ? demandai-je.

— Thomas Bouvier, un ami de mon père.

À notre ébahissement, cet individu se dirigea vers notre groupe. Il avait bu plus que de raison, et ses yeux louchaient dans sa physionomie vulgaire et sans noblesse.

— Bonsoir, la fille à Luc Meunier ! lança-t-il à Dorothée. As-tu vu cette garce me faire une scène devant tout le monde ? Comme si j’étais obligé de faire le tour de toutes les tables en la flanquant à mon côté…

Nous étions atterrés. Il continua, comme fou :