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tragique : l’existence de DEUX MONDES entre lesquels nous avons à choisir. Le fameux ONE WORLD de feu Wendell Wilkie est rendu impraticable par l’intransigeance, l’impérialisme et le mysticisme destructeur des éléments moscovites. Or, dans la nécessité où nous sommes de prendre parti, il nous est impossible, en tant que Canadiens, de nous dissocier un instant des intérêts d’une nation avec laquelle nous sommes solidaires. Tout ce qui élèvera les États-Unis élèvera le Canada ; tout ce qui les abaissera nous abaissera. La solidarité nord-américaine le veut ainsi.

En vertu du même principe, la France, l’Angleterre, nos alliées du Commonwealth, ainsi que les démocraties Scandinaves et des Pays-Bas, ne peuvent sauver leur indépendance, leurs institutions libérales et leur vieille civilisation qu’en utilisant, pour leur défense, les durs biceps et le large poing du colosse nord-américain.

Libre à chacun d’aimer ou de ne pas aimer les États-Unis. Ce sentiment est secondaire en face de la nécessité où se trouvent toutes les démocraties du monde de faire bloc pour survivre. Et vraiment je ne vois, pour les libertés humaines, aucun espoir en une organisation qui voudrait se passer de l’Oncle Sam.

La Cinquième Colonne communiste sent tellement l’importance de cette union démocratique autour de la puissance américaine, qu’elle déploie un effort inouï pour rendre les Américains odieux au monde entier.

Il y a quelque temps, une Européenne débarquait dans le port de New-York, traversait à la course et sans rien voir cette grande cité, puis montait dans un train à destination de Montréal. À son arrivée dans notre métropole, quelqu’un lui demanda ce qu’elle pensait de New-York.

— Ne m’en parlez pas, dit-elle, c’est une ville infecte, pleine de sauvages.

Cette femme n’avait été que deux heures dans les rues newyorkaises. Elle portait sur l’Amérique le jugement d’une foule de ses compatriotes endoctrinés par la propagande ou incapables de se faire à l’idée que la principale puissance de l’univers n’est plus sur le vieux continent.

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