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les derniers à faire le jeu de cette coalition qui n’a d’autre but que de les dépouiller eux-mêmes des avantages de la présente guerre au profit d’une puissance lointaine.

« Prenons garde ! Nous serons peut-être, au cours des cinquante années à venir, le bastion économique et démocratique du monde. Les ennemis de la démocratie le savent : ils recrutent, même chez les Nord-Américains, des adeptes qu’ils incitent à détruire de leurs propres mains la seule forteresse de leurs libertés. À nos petits messies gonflés de prétention et logés à tel torchon rouge, les colonnards venus d’outre-mer font jouer la fable du « renard à la queue coupée ».

En relisant ces lignes écrites en pleine guerre, je m’aperçois que mes prévisions étaient justes. Les États-Unis sont devenus la tête de Turc de toute la propagande internationale de Moscou. Et d’honnêtes libéraux qui n’ont rien de commun avec les communistes tombent lourdement dans le panneau. Il est temps de réagir.

Quand on voit le naïf et honnête Wallace, ancien vice-président des États-Unis et Quichotte du déséquilibre mental, faire une tournée pro-soviétique en Europe et fournir à l’ennemi commun des arguments contre la politique de son propre pays, il n’y a pas à se demander si la conspiration rouge a réussi. Elle a sûrement fait des ravages.

Le sabotage prémédité, par la Russie, de la conférence de la paix, à Moscou, en mars et avril 1947, alors que toute l’Europe était dans le chaos, a servi de prétexte aux russomaniaques pour jeter sur l’Amérique le blâme de ce lamentable échec. Il s’est trouvé des démocrates assez crédules pour avaler ce chameau. Ils ne se sont pas rendu compte que Moscou ne voulait pas d’une paix qui l’eût empêché de mettre la main sur le morceau et de le garder pour lui seul. Et haro sur les États-Unis !

Je n’aime pas tout des Américains. Ils ont des défauts, ils font des fautes — comme nous tous — et leur civilisation présente des lacunes. Il faudra au besoin les critiquer ou leur résister. L’occasion nous en sera donnée souvent. La question n’est pas là. Il s’agit de reconnaître une réalité

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