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semble n’y en avoir qu’un, surtout pour le cœur des animaux à sang chaud, car le cœur de ces derniers est agité de rapides mouvements. Et c’est de la même manière que dans les machines mises en mouvement par une roue on voit tout se mouvoir à la fois. Dans le mécanisme qu’on adapte aux arquebuses, la compression d’une petite palette fait tomber le silex qui frappe sur la lumière. Le feu jaillit, tombe sur la poudre, la poudre prend feu, éclate ; le projectile vole et atteint le but ; tous ces mouvements si rapides se font en un clin d’œil. De même pour la déglutition, la base de la langue s’élève, la bouche se resserre, les aliments ou les boissons entrent dans l’arrière-gorge, le larynx se porte en haut par l’action de ses muscles et se ferme par l’épiglotte, le sommet du pharynx s’ouvre par ses muscles, comme un sac ; il se porte en haut pour saisir l’aliment et se dilate pour le recevoir ; une fois qu’il le tient, ses fibres circulaires le resserrent, ses fibres longitudinales l’attirent en bas, et cependant tous ces mouvements divers, accomplis par des organes distincts, semblent, par leur harmonie et leur symétrie, ne constituer qu’un seul mouvement et une seule action que nous appelons déglutition.

Il en est tout à fait de même pour le mécanisme des mouvements du cœur, qui sont comme une déglutition et un passage du sang des veines dans les artères. Qu’on regarde avec soin dans cette intention les mouvements du cœur sur un animal vivant, et on verra, ainsi que je l’ai dit, que le cœur se redresse, que les ventricules et les oreillettes se contractent