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un mouvement obscur, une sorte de frémissement ondulatoire et de palpitation qui duraient tant que le cœur conservait un peu de chaleur et d’esprit vital.

Un phénomène analogue est aussi très évident dans les premiers temps de la génération, pour l’œuf fécondé de la poule. Après sept jours d’incubation, avant toute autre partie, apparaît une goutte de sang qui palpite, comme l’avait vu Aristote. Après qu’elle s’est accrue, et que l’embryon s’est formé ailleurs, les oreillettes se forment, et c’est dans leurs pulsations incessantes que réside la vie de l’être. Quand ensuite, après un intervalle de quelques jours, on voit apparaître les premiers linéaments du corps et en même temps les ventricules du cœur, ces ventricules paraissent quelque temps pâles et exsangues, ainsi que le reste du corps ; ils n’ont ni mouvements, ni pulsations. J’ai vu même, sur un fœtus humain, vers le commencement du troisième mois, le cœur pâle et exsangue, tandis que les oreillettes contenaient un sang abondant et vermeil. Dans l’œuf plus avancé en âge, au contraire, et sur un fœtus complètement formé, on voit un cœur plus volumineux, dont les cavités ventriculaires ont commencé à recevoir le sang et à l’envoyer dans tout le corps.

Si donc on veut approfondir les choses, on dira que non seulement le cœur est le premier à vivre et le dernier à mourir, mais que, dans le cœur lui-même, les oreillettes et les parties qui, chez les reptiles, les poissons et les animaux semblables, tiennent lieu d’oreillette, vivent avant les ventricules et meurent après eux.