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doigts, distension de la cornemuse et souffle de celui qui joue, de même, sous l’influence de la contraction cardiaque, le pouls devient plus fort, plus plein, plus fréquent, plus accéléré, image fidèle du rythme, du nombre et de la force des contractions du cœur ; et il ne faut pas croire que, par suite du mouvement du sang, il y ait un instant d’interruption entre la constriction du cœur et la dilatation des artères, même les plus éloignées. Toutes les artères se dilatent en même temps, comme s’enfle en même temps une cornemuse tout entière, et le choc se transmet à toutes les extrémités au même moment, comme dans un tambour ou une longue poutre. C’est du reste ce que dit Aristote[1]. Le sang de tous les animaux palpite dans les veines (il veut dire les artères) et communique à ces vaisseaux une pulsation sur tous les points du corps à la fois. Le pouls de toutes les veines a lieu au même moment, parce qu’elles dépendent toutes du cœur, et le cœur se meut toujours, parce que les veines se meuvent toujours, en sorte que les mouvements du cœur et les mouvements des veines sont simultanés. Notons avec Galien que les anciens philosophes donnaient aux artères le nom de veines.

J’ai vu un fait qui me confirmait complètement cette vérité. Un individu avait une de ces énormes tumeurs pulsatiles appelées anévrysmes située à la partie droite du cou, sur le passage de l’artère. Cette tumeur, qui prenait de jour en jour un développement plus considérable, se distendait à chaque pul-

  1. Animal., III, cap. 9. De respir., cap. 15.