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logue à celui d’un muscle qui se contracte. Car les muscles, lorsqu’ils sont en action, se tendent, se durcissent, s’élèvent, se renflent, absolument comme le cœur. De ces observations il est légitime de conclure qu’au moment où le cœur se contracte et se rétrécit de toutes parts, au moment où ses parois s’épaississent, les cavités ventriculaires se resserrent et chassent le sang qu’elles contenaient. D’ailleurs la quatrième remarque confirme cette supposition. En effet, si le cœur pâlit pendant sa contraction, c’est qu’il a chassé le sang contenu dans ses cavités, tandis qu’il reprend la couleur vermeille du sang, lorsqu’il se relâche et reste immobile, à mesure que le sang revient dans les ventricules. Il n’est plus permis de douter de cette vérité, si l’on fait une blessure au ventricule. En effet, à chaque mouvement, à chaque pulsation du cœur, on voit le sang qu’il contient en jaillir avec impétuosité.

Tous ces phénomènes sont simultanés ; et on voit à la fois la tension du cœur, le choc de sa pointe contre la paroi thoracique, choc qui peut se sentir à l’extérieur, l’épaississement de ses parois et le jet impétueux du sang, qui, primitivement contenu dans les ventricules, en est chassé par leur constriction.

Il est donc évident que les choses se passent tout autrement qu’on le croit en général. On pensait qu’au moment où le cœur choque la poitrine, choc qu’on sent à l’extérieur, les ventricules se distendent, et le cœur se remplit de sang, tandis qu’au contraire, en réalité, le choc du cœur répond à sa contraction et à sa vacuité. Ainsi ce qu’on pensait être