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pulmonaires : pourquoi alors, dans les dissections anatomiques, en coupant ou en incisant l’artère veineuse, ne pouvons-nous y trouver ni air, ni vapeurs de sang ? Nous voyons toujours l’artère veineuse pleine d’un sang épais, mais jamais elle ne contient d’air, tandis que dans les poumons nous voyons toujours de l’air qui y est resté.

Si l’on fait l’expérience de Galien et qu’on coupe la trachée à un chien vivant, si l’on remplit d’air ses poumons par force avec un soufflet, et si, lorsqu’ils sont pleins d’air, on lie fortement la trachée, on trouvera en ouvrant la poitrine une grande quantité d’air dans les poumons, jusqu’aux dernières ramifications bronchiques, mais on n’en rencontrera pas de traces ni dans l’artère veineuse, ni dans le ventricule gauche du cœur. Si, sur un chien vivant, le cœur à l’état normal attirait l’air des poumons ou le chassait dans les poumons, cette expérience exagérerait encore le phénomène. Bien plus, quand dans des démonstrations anatomiques on insuffle les poumons d’un cadavre, on verrait, personne n’en peut douter, l’air entrer subitement dans cette artère, si elle communiquait avec les poumons. Cependant on regarde comme si importante cette fonction attribuée à l’artère veineuse de conduire l’air des poumons au cœur, que Jérôme Fabrice d’Acquapendente prétend que les poumons ont été faits pour ce vaisseau, et qu’ils en forment la partie essentielle.

Mais, si l’artère veineuse sert à conduire l’air, j’ai-