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languettes charnues, de valvules, de vaisseaux, d’oreillettes, quand on y trouve, en les ouvrant sur le cadavre, un sang identique, également noirâtre et coagulé, quand ils ont tous deux la même action, les mêmes mouvements, les mêmes contractions, pour quoi, dis-je, les regardons-nous comme destinés à des fonctions distinctes et si différentes l’une de l’autre ? Si les trois valvules tricuspides, placées à l’entrée du ventricule droit, empêchent le sang de retourner dans la veine cave, si les trois valvules semi-lunaires placées à l’orifice de la veine artérieuse empêchent le sang d’y rentrer, pourquoi, puisque leur disposition est la même, leur refusons-nous le rôle d’empêcher le sang tantôt d’entrer dans le ventricule gauche, tantôt d’en sortir ?

II. Puisque ces valvules ont dans le ventricule gauche la même disposition que dans le ventricule droit, pour la dimension, la forme, la position et tout le reste, pourquoi dit-on qu’elles servent à empêcher la sortie des esprits dans le ventricule gauche, et l’entrée du sang dans le ventricule droit ? Un même organe ne paraît pas pouvoir également bien s’opposer aux mouvements du sang et de l’air.

III. La veine artérieuse et l’artère veineuse étant deux vaisseaux de même calibre et de même grandeur, pourquoi destiner l’une à un usage spécial, la nutrition des poumons, et l’autre à un usage général, la nutrition de tout le corps ?