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à l’opinion de Colombo, ils disent que les poumons ne font pas et ne retiennent pas ces esprits ; et ils affirment, avec Galien, contre Érasistrate, qu’il y a du sang et non de l’air dans les artères. Ces opinions paraissent se contredire et être en désaccord, en sorte que malheureusement toutes sont suspectes. Le sang est contenu dans les artères, ainsi que le montrent manifestement l’expérience de Galien et l’artériotomie et les blessures des artères. Galien affirme en plusieurs endroits, et c’est là l’expérience qu’il a instituée, que, par une artère coupée, toute la masse du sang s’échappe du corps avec tant d’impétuosité, qu’en moins d’une demi-heure, tout le corps est vide de sang. Si, dit-il, on lie avec un fil une artère en deux points, et si on coupe la partie comprise entre ces deux ligatures, on n’y trouvera que du sang : et c’est ainsi qu’il prouve que les artères ne contiennent que du sang. Nous pouvons, nous aussi, raisonner de même. Liez et coupez des veines, comme Galien les artères, vous y trouverez aussi du sang. J’en ai fait souvent moi-même l’expérience sur des cadavres et sur des animaux : ne peut-on donc pas en conclure que les artères contiennent le même sang que les veines et ne contiennent que ce même sang ? Ceux qui tâchent de résoudre la difficulté en disant que le sang est artériel et plein d’esprits, admettent implicitement que la fonction des artères est de porter le sang du cœur dans tout le corps, et d’être elles-mêmes remplies de sang. Car,