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nomène dans les blessures quand une artère est coupée ? Quand la trachée est coupée, on voit très facilement se produire deux mouvements opposés dus à l’air qui entre et qui sort. Quand au contraire une artère est coupée, on voit aussitôt le sang jaillir avec violence, mais on n’aperçoit ni entrer ni sortir de l’air. S’il est vrai que les pulsations artérielles rafraichissent et aérifient les différentes parties du corps, comme les poumons le font pour le cœur, comment peut-on dire que les artères envoient dans toutes les parties du corps un sang très abondant en esprits vitaux ? Ces esprits sont un foyer de chaleur pour les diverses parties de l’organisme, ils la raniment lorsqu’elle tombe, la font renaître quand elle est épuisée. Si les artères sont liées, toutes les parties non seulement s’engourdissent et se refroidissent en devenant tout à fait pâles, mais encore elles cessent de se nourrir, comme le dit Galien, étant privées de la chaleur qui, pour toutes les parties, leur descend du cœur. Par là n’est-il pas évident que les artères donnent au corps bien plutôt de la chaleur que du froid et de l’air ? Et de plus, comment la diastole pourrait-elle apporter simultanément, et du cœur des esprits vitaux pour réchauffer le corps, et du dehors, de l’air pour le refroidir ? Quoique certains auteurs affirment que les poumons, les artères et le cœur servent aux mêmes usages, ils reconnaissent cependant que le cœur est comme l’officine des esprits, et que les artères retiennent et conduisent les esprits ; et, contrairement