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Colombo a eu plusieurs éditions (1559, 1572, 1590). Il était classique à Padoue, et d’ailleurs, Harvey en parle[1] ; mais sans reconnaître à la découverte de Colombo (ou plutôt de Servet) toute l’importance qu’elle mérite[2]. Dans les objections, si souvent ridicules, que Primerose fait à Harvey, il lui reproche de ne pas faire autre chose que de reproduire sans preuves nouvelles l’opinion de Colombo. Illam sanguinis traductionem quam Columbus primum excogitavit, tu asserere coneris, sed eam non probas[3].

C’est à ces deux grandes découvertes que se borne la gloire de Servet. Certes elles suffisent pour illustrer un homme : cependant il n’est pas absolument certain que Servet ait compris toute la circulation, et en particulier le retour du sang au cœur par les veines. Comme Galien, il sait que l’aorte envoie du sang aux membres, mais ce qu’il ne dit nulle part, c’est que ce sang envoyé dans les membres par les artères retourne au cœur par les veines. C’est un homme de génie, aussi grand que Michel Servet et Harvey, André Césalpin, qui découvre la circulation

  1. De circulat., § VIII.
  2. Voici le passage où Colombo expose la circulation pulmonaire : « Sanguis per arteriosam venam ad pulmonem fertur, ibique attenuatur ; deinde cum aere unâ per arteriam venalem ad sinistrum cordis ventriculum defertur. » Cité par Flourens, loc. cit., p. 30. — Voy. aussi le mémoire de M. Tollin qui met en regard les expressions de Servet et celles de Colombo. Loc. cit., p. 39.
  3. G. Harveii de motu cordis cum refutationibus. Leyde, 1639, l. II, p. 39.