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mistes et les physiologistes, pendant un demi-siècle, font une série de découvertes contenues dans le livre de Servet.

D’abord Servet a dit le premier, contrairement à l’opinion d’Aristote et de Galien, que la cloison du cœur n’est pas perforée : Paries ille medius, non est aptus ad communicationem et elaborationem (sanguinis) licet aliquid resudare prossit. Flourens admet que Vésale a le premier découvert la non-perforation de la cloison interventriculaire[1]. Mais M. Tollin a bien montré que dans la première édition de Vésale, le passage où il est question de l’imperforation de la cloison n’existe pas[2] : c’est seulement dans l’édition de 1555, deux ans après la publication de la Restitution du Christianisme, que Vésale ose dire que la cloison n’est pas percée. Ainsi voilà la première erreur de Galien relative à la communication des deux ventricules renversée, et cela, non par Vésale, mais par Servet.

Et si Vésale ne parle pas de Servet, c’est qu’en ces temps d’intolérance universelle, soutenir les doctrines d’un aussi grand hérétique était un péché véritablement mortel. On sait que, malgré toutes ces précautions, Vésale n’échappa pas à l’inquisition. Un si illustre anatomiste devait être un homme dange-

    à Padoue en 1554, ont répandu dans cette ville les idées physiologiques du maître.

  1. Loc. cit., p. 22.
  2. M. Tollin, loc. cit., p. 26. Vésale, De humani corporis fabrica. Bâle, 1543, l. VI, § 15, p. 599.