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La réponse à cette question n’est pas douteuse. Oui, c’est le livre de Servet qui a inspiré Vésale, Colombo, Césalpin et Harvey.

D’abord tous les exemplaires du livre de Servet n’ont pu rester absolument inconnus à l’époque de Servet. La Christianismi Restitutio, imprimée en 1553, existait déjà manuscrite en 1546 : et sans doute Servet, dans ses voyages à Bâle, à Paris, à Lyon, surtout à Padoue, dut montrer le manuscrit à ses amis et à ses maîtres en anatomie.

L’impression du livre commença en 1552 et fut achevée le 3 janvier 1553. Mille exemplaires sont imprimés. Le 27 octobre 1553, à Genève, Servet est brûlé, et avec lui, deux exemplaires de son livre, l’un manuscrit, l’autre imprimé. Est-il possible que les 999 exemplaires restants aient tous disparu ? Un grand nombre ont été brûlés à Vienne[1], d’autres à Francfort-sur-le-Mein : mais combien ont été vendus ? combien ont été envoyés par Servet à ses amis de Lyon, de Venise, de Bâle et de Padoue ? voilà ce qu’on ne saura jamais exactement : en tout cas, il serait bien invraisemblable de supposer que les deux seuls exemplaires qui nous restent de la Restitution du Christianisme aient été les seuls qui, au xvie siècle, aient échappé au fanatisme religieux.

Nous allons voir en effet qu’à Padoue[2], les anato-

  1. Voy. Tollin, loc. cit., p. 34.
  2. D’après M. Tollin, c’est Matteo Gribaldo et Leleo Socini, disciples de Servet au point de vue des dogmes religieux, qui, venant se fixer