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cœur remonte vers la base, et les valvules auriculo-ventriculaires s’élèvent, poussées de bas en haut par le sang que comprime la systole du ventricule.

Des expériences directes semblent confirmer cette théorie : ainsi si on pousse de l’eau dans le cœur par l’aorte, après avoir enlevé les valvules sigmoïdes, on voit que l’eau ne peut refluer dans l’oreillette, et relève les valvules bicuspides de manière que les deux valves s’appliquent l’une à l’autre.

L’expérience faite sur des animaux vivants est plus démonstrative encore. La figure donnée plus haut montre que, pendant la systole du ventricule, les valvules vibrent ; elles sont donc évidemment tendues.

MM. Chauveau et Faivre ont donné des détails plus précis encore : « Que l’on introduise un doigt dans une oreillette, la droite par exemple, et que l’on explore l’orifice auriculo-ventriculaire, on sentira, au moment même où les ventricules entrent en contraction, les valvules triglochines se redresser, s’affronter par leurs bords et se tendre au point de devenir convexes par en haut, de manière à former un dôme multiconcave au-dessus de la cavité ventriculaire. »

On a fait à cette théorie une objection fondamentale, c’est que les valvules auriculo-ventriculaires sont tendues par des cordages qui ne sont pas seulement ligamenteux, mais musculaires, de sorte que la contraction totale du cœur comprend, aussi bien que les parois des ventricules, les muscles papillaires des valvules. Ainsi au moment de la systole, ces muscles papillaires se contractant, les valvules ne peuvent être portées en haut, mais doivent nécessairement s’abaisser et s’accoler aux parois cardiaques.

Spring[1] a cherché, par une théorie très ingénieuse, à faire concorder cette contraction des muscles papillaires avec l’élévation de la valvule pendant la contraction des

  1. Mém. de l’Ac. de Belgique, 1860, p. 116.