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parfait entre le cœur droit et le cœur gauche. Il est donc indifférent d’étudier, soit l’un, soit l’autre ; car le mécanisme des deux ventricules est identique, comme celui des deux oreillettes.

Pour observer la contraction du cœur des animaux supérieurs, on peut procéder de la manière suivante. Un chien est empoisonné avec du curare, et on pratique la respiration artificielle. Dans ces conditions le cœur continue à battre, et, si la dose de curare n’est pas trop considérable, les mouvements cardiaques ne sont pas trop accélérés. On fait alors, soit avec le thermo-cautère, soit avec le scalpel et le costotome, l’ablation du sternum et d’une notable partie de la paroi thoracique antérieure. L’écoulement de sang n’est pas très abondant, si l’on a soin de lier les artères au fur et à mesure, et de procéder à l’opération avec lenteur et précaution, de manière qu’aucune petite artère ne donne plus de sang.

Quand la paroi thoracique est enlevée, on rencontre alors le péricarde qui est incisé. Le cœur est à nu et on le voit se mouvoir avec une régularité parfaite ; on peut le prendre dans la main et sentir sa diastole lente et sa systole brusque.

Mais, ainsi que l’avait remarqué Harvey, ces mouvements sont trop rapides pour que l’observation soit très fructueuse, et c’est alors seulement que le cœur se ralentit qu’on peut distinguer les divers mouvements qui composent sa contraction.

Pour ralentir les mouvements du cœur, on peut employer plusieurs moyens et en particulier l’excitation du pneumogastrique. (Sur les animaux empoisonnés par une très forte dose de curare, l’excitation du pneumogastrique ne donne pas de résultats constants, et à un certain degré de l’intoxication, l’excitation du pneumogastrique reste sans effet.)

On peut employer un autre moyen qui est d’autant plus intéressant que l’expérience a été signalée par Galien. — Si, dit-il, on met à nu le cœur d’un animal, en ayant soin de conserver la chaleur du cœur, le cœur continuera ses